Le plus beau trek du Pérou : Le tour de l’Ausangate
Le tour de l’Ausangate
Le trek de l’Ausangate, ça commence à faire un moment que je l’ai dans la tête. 5 jours en autonomie entre 4400 mètres et 5100 mètres d’altitude, avec 3 cols à 5000. Un trek sauvage, loin des foules des treks plus classiques. Un rêve.
Et pour nous c’est aussi le seul trek que l’on fera au Pérou. On l’a choisi entre tous pour une simple et bonne raison: parce que c’est le plus beau et le plus sauvage.
Mais voilà, la météo est capricieuse, la saison des pluies est en avance et les prévisions ne sont pas bonnes. On rencontre un couple de Français à l’auberge qui en revient… ils ont dû abandonner dès le troisième jour trempés par la pluie et frigorifiés par la neige…
On hésite… un peu. Et puis tant pis c’est notre seule occasion de faire un trek ici et je le vivrais trop mal de ne pas avoir essayé ! Virginie est d’accord, on est bien équipés, on est motivés, pourquoi ne pas essayer ? En plus de ça la météo annonce une fenêtre de trois jours à peu près potables, voilà notre chance !
Jour 1
Mardi matin, départ à 7h en bus de Cusco, direction Tinke, le village de départ. Nos sacs sont lourds pour 6 jours d’autonomie même si on pense pouvoir le faire en 5 jours. Nous prévoyons de rajouter une variante d’une journée pour passer voir les célèbres montagnes arc-en-ciel.
Après à peine trois heures de route (la route est neuve, les anciens guides annonçaient 7h!) nous attaquons la marche.
Pour le moment nous sommes euphoriques, il fait grand beau et la vue est déjà magnifique ! Deux sommets enneigés se distinguent, mais impossible de dire lequel est l’Ausangate ils sont tous deux aussi grands et imposants l’un que l’autre.
Les premiers kilomètres se font sur une piste avec de nombreuses habitations. Mais rapidement nous sommes seuls au milieu des pâturages (à déjà plus de 4000m) avec les sommets qui se rapprochent. À 14h nous sommes déjà au premier camp… on avance beaucoup plus vite que prévu ! Quelques nuages commencent à boucher les sommets mais il est encore tôt et on décide d’avancer autant que possible tant qu’il fait beau. Le premier col est déjà à plus de 4700m mais nous sommes largement acclimatés et même si le poids du sac se fait sentir on est rapidement au sommet sans être le moins du monde essoufflés ! On croise un muletier qui court après ses chevaux (oui en fait de mules ici ils ont des chevaux) mais c’est la seule personne que l’on croisera de la journée. Entre temps nous nous sommes bien rapprochés des glaciers, le sommet, austère et vertical, paraît tout proche. C’est impressionnant. Le revers de la médaille, c’est que les nuages aussi se sont rapprochés. On enfile polaire et gore-tex mais les quelques averses de grésil ne suffisent pas à nous enlever notre bonne humeur. Au contraire, les lumières sont magnifiques, surtout lorsque les premières lagunes apparaissent… nous nous arrêtons souvent pour prendre des photos et profiter du paysage incroyable qui s’offre à nous… l’Ausangate se dévoile dans toute sa splendeur, nous sommes à ses pieds.
Et puis l’après-midi avance, les nuages s’en vont et au détour d’une colline,le coucher de soleil embrase le sommet, nous sommes éblouis. Nous plantons la tente là, en face de ce géant rouge. La laguna Pucacocha est à nos pieds, nous sommes déjà au deuxième camp. La nuit nous attrape vite et on a du mal à croire notre chance… cette journée a été bien au-delà de nos espérances…
Jour 2
Au matin, la tente est congelée. Il y a déjà des nuages et le soleil est bien caché… mais on a à peine le temps de prendre le petit-déjeuner que le soleil est là ! Plus un seul nuage dans le ciel, c’est incroyable !
On attaque alors un col à 4900 droit dans la pente. Ça réveille comme y faut! Heureusement la montée est courte, faut dire qu’on dormait à 4600.
Là haut la vue sur l’Ausangate est magique! Vraiment je me lasse pas de cette montagne énorme juste là à côté. Je me sens bien là, à près de 5000m seul au monde avec ce paysage idyllique et le soleil qui brille. Encore une fois dans ce voyage les émotions me submergent, j’ai l’impression de vivre un rêve. Et dire qu’il y a deux jours à peine on hésitait à partir… Cette idée me fait rire et renforce encore la beauté des paysages !
De l’autre coté du col, au loin, on distingue les montagnes colorées. Il nous faudra une journée pour faire l’aller retour et revenir sur le chemin principal du trek. Mais rapidement, l’aperçu que l’on a de ces montagnes nous laisse dubitatifs. À côté du gigantisme des glaciers de l’Ausangate, ces paysages nous laissent un peu sur notre faim… On est donc tous les deux d’accord pour laisser tomber ce détour pour rejoindre au plus vite l’itinéraire principal du trek. D’ailleurs rien de plus facile, de nombreux chemins coupent les courbes de niveaux pour rejoindre la laguna Ausangatecocha quelques kilomètres plus loin.
On arrive rapidement à la lagune avec le plaisir de retrouver nos glaciers. Ceux ci plongent dans la lagune avec une multitude de cascades, le spectacle est magnifique et nous resterons là plus d’une heure pour le déjeuner. Le glacier craque et les séracs plongent dans le lac avec un bruit comme un coup de tonnerre, belle ambiance !
C’est en gardant cela en vue qu’on attaque le col le plus haut du trek: 5115 m d’altitude.
C’est la première fois pour moi et Virginie que l’on passera au-dessus de 5000m. Mais finalement encore une fois on ne sent rien et on arrive en haut du col sans être essoufflés (note de Virginie : moi un peu quand même…;)). On se permet même de rester là-haut une bonne heure pour profiter du panorama. Là haut, un deuxième sommet se découvre: le Mariposa (5808m). Celui-ci n’est pas à 6000 mais les glaciers le recouvrent également et la vue est spectaculaire.
Au fur et à mesure de la descente, nous retrouvons nos amis les alpagas et la vue sur le Mariposa avec l’Ausangate juste à côté est toujours aussi belle. On profite. On est bien ? Il fait toujours beau. Nous sommes toujours seuls. La longue descente débouche sur une longue plaine glacière avec un hameau minuscule et des troupeaux d’alpagas. On contourne une colline qui nous cache la vue des sommets. Le soleil décline, l’euphorie aussi. La fatigue, elle, nous rattrape, en même temps qu’un autre couple de français qui nous suivaient sans que nous les ayons remarqués. Un camp est normalement organisé un peu plus loin, on décide de pousser un peu. Et on fait bien… BIM encore des montagnes qu’on avait pas vues jusque là. Après vérification, il s’agit de l’Hatun Uma (6093). Le soleil se couche et nous arrivons au camp avec un magnifique coucher de soleil sur ce nouveau sommet. L’arrivée au camp nous réserve une mauvaise surprise. Nous avons rattrapé un groupe de touristes qui font le trek avec une agence. Beurk ça nous dégoûte un peu. Il y a environ 20 tentes entassées les unes sur les autres avec deux ou trois grandes tentes type « Marabou ». C’est pas vraiment notre vision du trekking, mais passons. On décide donc de faire 500 mètres en arrière pour être tranquille, on trouve un coin parfait juste à côté d’une petite rivière avec une vue imprenable sur les sommets rougeoyants. Encore une journée splendide, décidément on a du mal à croire en notre chance. On s’endort rapidement, fatigués, mais avec des images plein la tête.
Jour 3
Et le matin, on a l’impression de revivre la même chose. Il y a beaucoup de nuages, mais ceux-ci disparaissent pendant le petit déj. On repart donc avec enthousiasme pour cette troisième journée et le prochain col à plus de 5050 mètres d’altitude. Cette fois le chemin monte à flanc tranquillement, et nous laisse nous réveiller tranquillement. La vue est toujours aussi belle, même si l’on ne voit plus l’Ausangate, et d’autres sommets se découvrent (notamment le magnifique duo Puka Punta (5600) et Pachanta (5950). A force de dire que c’est splendide, c’est sûr vous allez vous lasser et ça va vous amener à banaliser tout ça. Mais vraiment au bout de trois jours de marche on n’est toujours pas rassasiés et les vues sur ces sommets sans cesse différents, avec des couleurs toujours changeantes rendent la marche incroyablement intéressante. C’est splendide.
Après deux heures de marche tranquille, nous sommes au col. Le Puka Punta est vraiment juste là à côté avec son glacier encore bien présent malgré sa modeste altitude.
Les nuages ont malheureusement bien fait leur apparition et nous ne pouvons pas rester très longtemps au sommet.
Nous venons de passer la dernière difficulté du trek. Il reste encore 20 kilomètres de descente avant de terminer la boucle. Nous pourrions terminer dès aujourd’hui, mais on préfère prendre notre temps et nous prévoyons de nous arrêter au milieu pour profiter de sources d’eau chaude au bord du chemin. La descente jusque là est facile et est rendue monotone à cause des nuages. Mais à midi, revoilà l’Ausangate et une éclaircie qui arrive juste au bon moment pour le pique nique au bord d’un lac.
Là, nous avons l’impression de doucement revenir à la réalité. Le trek est déjà presque fini. Nous avons pu profiter de 2 jours et demi de pur plaisir avec soleil et points de vue magiques. La chance que nous avons eue est incroyable et nous remercions du fond du cœur le Dieu Ausangate (j’ai oublié de le mentionner mais l’Ausangate est une montagne sacrée pour les Quechua) de nous avoir laissés l’approcher.
La suite de la journée se déroule sur un chemin facile avec quelques gouttes de pluie pas méchantes et nous arrivons en début d’après-midi aux sources. Nous sommes déçus, en fait il s’agit d’un vrai village. On a l’impression d’avoir vraiment terminé le trek ici. D’ailleurs, beaucoup de gens termineront les douze derniers kilomètres en voiture. De plus, l’orage gronde au loin et le ciel est vraiment menaçant. Finalement nous sommes contents d’être là et nous trouvons un « hôtel » pour 5€. Et nous plongeons dans les thermes ! Ah quel plaisir ! L’eau est à environ 40°C, il pleuviotte légèrement mais on ne sent rien. On y restera une bonne heure à se détendre et à rire en pensant à ce trek magique que nous venons de (presque) terminer.
Nous discutons ensuite un bon moment avec le couple de Français, une bière à la main. Ils commencent leur voyage deux 6 mois entre le Pérou et Ushuaia en prévoyant de faire tous les treks possibles et imaginables. Ca nous fait penser qu’aujourd’hui, le 21 Septembre, cela fait pile poil 3 mois que nous sommes sur la route… Et quelle route…
Mais ce trek, croyez-moi, restera parmi les plus beaux et grands souvenirs que nous aurons du voyage.
Le lendemain, c’est avec le ciel chargé de nuages que nous terminerons le trek, le long d’une piste bordée de nombreuses habitations. Arrivés à Tinke, nous attrapons un bus pour Cusco.
La décompression est brutale, j’ai encore ces sommets blancs de blanc, ce ciel bleu de bleu et ces lacs aux eaux turquoises devant les yeux. Et le craquement des glaciers dans les oreilles. J’ai l’impression d’avoir vécu un rêve. Et pourtant je ne pense pas avoir assez d’imagination pour avoir rêvé de ces paysages.
3 Comments
Quelles belles photos !!! Vous m’avez encore fait rêver. Vous devez tenir une forme, maintenant, ça doit être impressionnant…
En tout cas, vous respirez le bonheur et c’est un vrai plaisir que vous nous offrez à travers le blog.
Bonne route pour le Titicaca et à bientôt aux nouvelles.
Gros bisous les loulous.
Mam
Ah, j’ai oublié: trop bien, le rastalpaga, je veux le même !! et le bonnet aussi !!
Et bien il est sacrément fou ce trek… Et que de glaçons sur les sommets!!! La saison des pluies ça doit être quelque chose!!!
Ohhhhh je suis bien content de pouvoir rattraper mon retard sur vos super articles… Profitez bien les gringos!
Geoff