L’avenue des volcans – le Chimborazo et Cuenca
Aux pieds d’un géant…
Après le parc Cotopaxi et la lagune Quilotoa, nous en avons déjà pris plein les yeux… Bonne nouvelle, ce n’est pas fini ! Après une journée de repos à Ambato, nous partons en direction du Chimborazo, le géant de l’Equateur culminant à 6268m. Pour l’approcher, nous empruntons la via antigua las Flores, une route qui serpente dans un canyon avant de faire face au fameux volcan. Encore une fois, nous sommes entièrement satisfaits de notre choix : la route est en parfait état (elle semble avoir été refaite), le trafic est presque inexistant, on monte tout doucement et le décor du canyon est splendide.
Même la météo semble tourner en notre faveur : nous qui étions partis sous les nuages, plus on avance, plus le ciel se dégage ! Nous profitons pleinement de cette journée, sachant en plus qu’elle sera courte. En effet, nous avons prévu de nous arrêter à des sources d’eau chaude pour une petite baignade, et celles-ci sont à seulement 40km. Nous y arrivons en début d’après-midi, payons un dollar l’entrée et nous glissons allègrement dans les bassins. L’eau est à une température parfaite, imaginez un bain qui ne refroidit jamais… Nous y restons plus d’une heure, à discuter avec un Equatorien et un Vénézuélien qui nous ont vite repérés avec nos vélos.
Après ce moment de délassement, nous devons trouver un endroit pour camper… Nous nous installons près de la rivière, avec vue sur le sommet du Chimborazo qui point par-delà la colline. En prenant un peu de hauteur, nous profitons d’un coucher de soleil majestueux : le Chimborazo est là, massif, colossal, et se colore aux derniers rayons du soleil…
Le lendemain matin, même scénario : nous remontons la colline pour voir le lever du soleil sur le volcan dégagé et Léo fait de nouveau appel à tous ses talents de photographe. Malheureusement, quelques minutes plus tard, les nuages font leur apparition et il commence à pleuvoir. Nous restons dans la tente, décidés à ne pas en sortir tant que le temps ne devient pas plus clément. Après tout, nous avons encore deux jours devant nous, pourquoi se presser… Nous repartons vers 11h, et poursuivons notre cheminement jusqu’au plateau qui s’étend à 3800m d’altitude. Le volcan se découvre, et nous pédalons une bonne heure directement face à lui.
Mais en montagne, rien ne dure jamais… Plus on monte, plus les nuages s’accumulent. Le vent nous glace et le sable qu’il soulève nous fouette le visage. Arrivés au col à 4200m, nous n’avons qu’une envie : trouver un restaurant pour nous mettre au chaud. Seulement voilà, en Equateur, voir un restaurant ou un magasin ne signifie pas forcément qu’il va être ouvert ou qu’on va nous servir… Dans les trois restaurants que l’on croise, on nous répond que non non non, c’est fermé… En pleines vacances scolaires et sur le col principal du Chimborazo, allez comprendre…
Ce sera donc flocons d’avoine dans un bâtiment abandonné ! Le moral en prend un coup. Déjà que nous sommes partis tard du bivouac, si nous ne pouvons pas reprendre des forces convenablement, nous pouvons tirer un trait sur la montée au refuge. Nous repartons pour une dernière montée qui doit nous conduire à l’entrée du parc et donc au chemin du refuge. Nous évoluons toujours dans les nuages, dans un paysage lunaire où seules les vigognes semblent se plaire. Celles-ci sont partout, parfois juste au bord de la route, ne craignant plus le passage des voitures. Mais elles ne sont pas téméraires au point de me laisser les approcher, dommage…
4400m d’altitude : nous sommes arrivés à l’entrée du parc, et nous avons battu notre record d’altitude à vélo ! Cela ne nous fait plus ni chaud ni froid (enfin si, un peu froid quand même…), pédaler à plus de 4000m n’est plus un problème. Par contre, nous comprenons pourquoi nous n’avons plus rencontré de 4×4 sur la route depuis un moment : on nous dit à l’entrée que tout passage est interdit à partir de 16h, et il est 16h20… Notre dernier espoir de monter au refuge était de faire du stop, loupé… Nous ne sommes pas vraiment déçus, et avouons-le, nous n’insistons pas : monter jusqu’à 4800m aujourd’hui est au-dessus de nos forces, et le vent incessant rend le bivouac, sinon impossible, au moins franchement désagréable sur les flancs du volcan.
Nous entamons donc la descente… Et là, le Chimborazo se découvre à nouveau ! Mince, nous avons presque envie de rester du coup… Nous redescendons tout de même, et s’ensuit une loooongue recherche d’endroit pour passer la nuit. Premier hôtel : fermé (tiens tiens…). Deuxième hôtel : complet (bah oui, vu que le premier est fermé…). Bref, nous sommes forcés de continuer jusqu’à Cajabamba où nous arrivons de nuit. Après deux jours dans le froid à manger des flocons d’avoine, la douche chaude et l’énorme assiette de riz sauté sont d’un réconfort sans nom (désolés, nous ne sommes pas de vrais aventuriers en fait 😉)
Cette boucle du Chimborazo fut encore une fois une étape incroyable, qui ne nous a même pas tant usés physiquement tellement la route était tranquille. On aurait juste eu besoin d’un endroit à l’abri du vent au bon moment… Le lendemain, nous enfourchons nos vélos sous un ciel sans nuages. Les premiers kilomètres sont mitigés : Léo est frustré de ne pas avoir poussé jusqu’au refuge tant la matinée s’annonce belle aujourd’hui, et moi, je suis un peu déçue aussi mais contente de rouler sous le soleil et de profiter à nouveau de la vue imprenable sur le volcan désormais derrière nous. Après quelques kilomètres, nous avons l’esprit plus léger : la route est plate (on a loupé une bifurcation, nous ne sommes plus en Equateur ?!) et nous pouvons pédaler en tshirt ! L’odeur des pins embaume l’atmosphère dans les plaines arides que nous traversons, et pour la première fois depuis longtemps nous trouvons un coin parfait pour pique-niquer et faire la sieste au soleil.
Quand tout n’est pas rose…
Ce n’est évidemment qu’une parenthèse dans notre semaine bien riche en dénivelés, car le lendemain nous repartons pour un rodéo dans les montagnes. 5km de montée, deux de descente, encore cinq de montée… Et ainsi de suite. Cette journée est particulièrement difficile, à la fois physiquement et moralement. Oui, moralement, car nous retrouvons nos ennemis jurés : les chiens. A ce stade ce n’est plus un bémol, c’est un gros point négatif. Léo et moi nourrissons des envies de meurtre, nous voudrions voir le gouvernement équatorien signer une loi pour l’éradication des chiens. Extrême ? Un peu, mais je vous assure qu’après s’être fait courser des dizaines de fois par des cabots hurlants, il est difficile de rester tempéré. J’en finis par me dire que si une voiture débarquait et envoyait l’un d’eux dans le fossé, j’en ressentirais presque de la satisfaction… Ils semblent avoir développé une haine irréconciliable envers les cyclistes (vous aurez compris que c’est devenu réciproque), et un sixième sens pour les repérer des mètres avant. Il y a beaucoup de chiens errants en Equateur, mais ceux-là ne représentent souvent pas de danger : ils ont faim et errent sur les bas-côtés pour grappiller ce qu’ils peuvent, donc ils ne nous prêtent pas attention. Non, l’enfer, ce sont les chiens domestiques. Les chiens de garde qui… gardent quoi, précisément ? Car notons-le, les maîtres ne semblent pas s’émouvoir de leurs aboiements. Soit ils ne prennent pas la peine de sortir voir ce qu’il se passe, soit ils nous regardent calmement nous faire harceler par leurs maudites bestioles. En Equateur, un chien qui aboie de jour comme de nuit et qui manque de mordre les passants, c’est donc normal. Rien de bien méchant pour l’instant, car nous ne nous sommes pas faits mordre. La plupart du temps on pose le pied à terre et d’un seul coup les chiens s’arrêtent, comme soudainement rendus conscients que nous étions des humains et que sur nos deux jambes nous étions plus forts qu’eux. Mais ils continuent d’aboyer, inlassablement. Ce qui m’effraie le plus, ce ne sont pas les morsures, c’est qu’un chien se mette sur notre passage en descente quand nous sommes lancés à pleine vitesse. On va espérer que cela n’arrive pas…
Mis à part ce désagrément, nous continuons notre route, toujours dans des canyons impressionnants. Le relief en Equateur est épatant. Enfin, comme nous avons du temps avant d’arriver à Cuenca, nous suivons les conseils de Lenin et passons par les ruines incas d’Ingapirca. Ces ruines sont les plus importants vestiges incas d’Equateur. Le site en lui-même n’est pas exceptionnel (il y a très peu de vestiges incas en Equateur, celui-ci reste de taille réduite comparé à ce que l’on verra au Pérou), mais la boucle est très agréable à faire en vélo ! A peine arrivés aux ruines, le temps se couvre et un gros orage éclate, nous décidons donc de trouver un hôtel pour la nuit. Léo négocie la chambre à 20 dollars au lieu des 40 annoncés… Car en Equateur, on aime bien entuber les étrangers. Ce n’est pas forcément une critique, j’ai quand même vécu en Chine donc je connais cette nécessité de la négociation dans nombres de pays, mais c’est tout de même désagréable. Nous regrettons un peu la Colombie et ce qu’on pourrait presque appeler la naïveté d’un pays encore étranger à tout ce business qu’apporte le tourisme. Ici, on nous réclame parfois un dollar pour un café qu’on ne nous prépare même pas, on nous donne simplement une tasse d’eau chaude et du café instantané à côté… On commence à entendre les premiers « gringos ! » sur notre passage et à sentir qu’on nous voit avant tout comme un portefeuille ambulant.
On ne va pas non plus noircir le tableau, on a rencontré des gens absolument formidables ici, des locaux très curieux de nos aventures et on nous salue souvent chaleureusement sur le bord de la route, mais il fallait tout de même signaler nos quelques mésaventures de ces derniers jours, pour être tout à fait honnêtes sur notre ressenti 😉
Cuenca et le parc Cajas
Sur la route de Cuenca, tout le monde nous a vanté la beauté de cette ville en nous disant que c’était une des plus agréables d’Equateur. Tant mieux, on compte s’y reposer ! Nous logeons chez Jacobo, un warmshower qui vit dans un loft plutôt basique où il accueille de nombreux voyageurs. Nous allons rester trois nuits, le temps de visiter la ville et le parc national Cajas.
La visite de la ville se fait sous un ciel nuageux et pluvieux, on aura vu mieux… Mais même si les circonstances ne sont pas idéales, il faut avouer que Cuenca ne nous émerveille pas vraiment. Beaucoup d’églises, une très belle cathédrale, quelques jolies rues avec des bâtiments de style colonial, mais surtout beaucoup de voitures, ce qui gâche un peu l’ensemble… Nous avons largement préféré Quito, ou un réel effort était fait pour libérer le centre-ville des voitures et rendre leur place aux piétons.
Nous jouons de nouveau de malchance le jour suivant, car notre randonnée au parc Cajas se fait en grande partie dans le brouillard. Pourtant, le site est magnifique, on longe de nombreux lacs et on repère de jolies falaises. Nous voulions initialement grimper ici, mais vu le temps et le froid, on ne regrette pas d’avoir changé nos plans… Néanmoins, quand il fait beau cela doit être parfait, grimper à plus de 4000m d’altitude sur du bon rocher, trop classe !
Et voilà, nous tournons déjà la dernière page de notre passage en Equateur… Nous allons prendre un bus directement de Cuenca pour le Pérou. En fait, on va en prendre deux, pour nous avancer de presque mille kilomètres et rejoindre Trujillo sur la côte. L’horloge tourne à une vitesse qui nous affole un peu ces derniers temps ! Nous sommes obligés de faire des choix pour le Pérou, un pays immense que nous devrons visiter en six semaines, à vélo mais aussi en prévoyant deux treks majeurs. C’est un peu frustrant de se dire qu’on n’a pas de temps à perdre, nous qui sommes là plutôt pour prendre notre temps… mais c’est également excitant : nous sommes prêts à savourer chaque journée, chaque instant !
5 Comments
Aie Aie Aie les chiens…je compatis, c’est effectivement un gros danger. Peut-être un bâton toujours avec vous ? Sais pas trop. Vous risquez malheureusement d’en trouver autant au Pérou.
Bon, à part ça, toujours aussi passionnant de vous lire et de regarder les photos.
Gros bisous..
Yay !
Bravo los gringos !!
Et maintenant c’est le Pérou
Bonne route à vous deux !!!
[…] 3 jours à Cuenca et au parc des Cajas – Article : L’avenue des volcans – Le Chimborazo et Cuenca […]
Olà Amigos!
Retour a la réalité, le taf et la connexion internet…
Et heureusement je me délecte entre midi et deux de votre magnifique périple!
Coup de coeur pour la lagune, c’était en effet majestueux, même en photos ;-)!
Vous n’en parlez jamais, mais pas trop de galère niveau matos, crevaisons etc…?
La bise depuis Lyon!
Ca avait pas l’air d’être les grosses chaleurs dans le parc de Cajas haha!! 😉
Bonne route en Equateur, de mon côté je lirai probablement le prochain article depuis Katmandou! Yeahhhhh!!! 😀✌️