De Bogota à Cocora – D’une Colombie à l’autre
« Armenia terminal ! »… Ouch ! Il est 4h30, le réveil est brutal. Nous aurions dû arriver que à 6h30, pas à 4h30 ! Il fait nuit, nous sommes parachutés dans cette gare où tout est fermé, et il faut l’avouer, nous n’avons pas très bien dormi ! Il va nous falloir attendre un peu avant de décoller pour Cocora et Salento, au cœur de la région du café, avec les plus hauts palmiers du monde et des randonnées à plus de 3000 mètres dans les nuages !
Bogota
Quelques heures plutôt, nous étions à Bogota, capitale de la Colombie, dans un bouillonnement de voitures, de klaxons et d’embouteillages. Il est difficile de décrire Bogota. Pour nous, le séjour a été très agréable et instructif grâce à plusieurs rencontres. Tout d’abord grâce à Robin et Lina, rencontrés à Suesca, qui nous ont parfaitement recommandé un AirBnB placé idéalement, pas cher avec des hôtes adorables, et également parfait pour nos vélos… Et mine de rien, ça joue d’avoir un endroit bien placé pour se reposer à Bogota ! Et puis aussi un grand merci à Elkin, rencontré grâce à Alexis, qui nous a permis de passer une soirée « Chevre ! » à Bogota !
Sans cela, l’expérience aurait été différente c’est certain… Bogota, ce n’est pas la ville la plus belle de Colombie. Ce n’est pas la ville la plus sûre de Colombie. Ce n’est pas la ville la plus facile pour se déplacer. Pour autant, on a réussi à en tirer le meilleur parti et nous sommes tout de même bien contents d’y être passés ! Au menu : Visite de musées bien sûr (mention spéciale pour le musée Botero qui nous a épaté !), balade dans la Candelaria qui garde un certain charme colonial, montée au Montserrate, la montagne qui surplombe Bogota à plus de 3000 mètres d’altitude, et soirée avec Elkin au mirador, un autre point de vue sur la ville. Et de nuit, c’est carrément plus classe ! Merci Elkin ! La deuxième soirée malheureusement nous sommes trop fatigués pour ressortir faire la fête et nous nous contentons d’un aller-retour rapide aux restaurants à proximité de notre AirBnB. Bref, deux jours bien remplis et une vision bien différente de la Colombie par rapport à ce qu’on avait vu jusqu’ici !
Pour la suite de notre voyage, nous avons ainsi prévu de prendre un bus jusqu’à Armenia, à 6h30 de Bogota. Ce nouveau raccourci va nous permettre de rester bien dans les clous de notre planning pour profiter sereinement de la suite. Eh oui, 6 mois, c’est long, mais c’est aussi très court et on ne peut pas tout faire à vélo. On choisit donc des bus de nuit, qui sont relativement confortables (plus qu’en France mais a priori moins qu’en Argentine). Les vélos sont acceptés sans problème et sont bien calés en soute, même si cette fois-ci nous avons dû payer 6 euros de supplément pour les embarquer.
La vallée de Cocora
Nous voici donc à Arménia, à 40 km de Cocora, et le contraste avec Bogota est fort. Ici on est tranquille, les routes sont belles et dégagées, les gens ne sont pas pressés, sont de nouveau curieux et viennent nous parler. Et les prix reviennent à la normale aussi ! Après un bon petit déj local, c’est-à-dire café et cookies maison avec des petit pains à la noix de coco, et un peu plus loin un jus d’orange avalé au bord de la route (le tout doit nous couter environ 1€ par personne), nous prenons rapidement la route. Et quelle surprise ! Nous n’avons jamais vu autant de vélo sur les routes, il y en a des dizaines. La plupart en VTT qui vont tous vers Salento. Et tous nous encouragent et viennent nous parler ! Il faut dire que la route que nous empruntons est tout simplement splendide… Une bonne route de terre sans voiture qui serpente dans les collines vertes fluos avec des plans de café et de bananier et une vue imprenable sur les montagnes des Nevados, qui culminent à plus de 5 000 mètres d’altitude. Cette route d’une quinzaine de kilomètres est tout simplement une des plus belles que nous avons prises jusque là. En chemin, on s’arrête à la finca de Don Elias, une petite ferme de café bio qui propose une visite de l’exploitation et une dégustation de café… Maintenant on sait tout sur la fabrication du café ! Ici ils sont à la pointe de la permaculture avec une utilisation optimale des bananiers, avocatiers, plans d’ananas, yuca et j’en passe pour remplacer tous les pesticides et autres. Et le résultat est effectivement excellent, à tel point qu’on repart avec nos 250 grammes de café et une « cafetière locale » : en fait juste un filtre de lin pour faire passer l’eau !
Puis nous voilà à Salento : « le petit village très tranquille, colonial plein de charme avec ses belles couleurs ». C’est du moins ce qu’ont dû lire les milliers de touristes qui sont là avec nous. Et si le village est effectivement petit et avec un style colonial, les couleurs on ne les voit plus tellement il y a de boutiques qui s’étalent de partout, et la tranquillité… On était mieux à Bogota ! En plus de ça, on a vraiment l’impression d’être des bêtes de foire et tout le monde nous montre du doigt et se retourne sur notre passage. Pas étonnant étant donné la « faune » qui nous entoure… Tous ces gens doivent vraiment trouver cet endroit génial et « muy tipico ! ». Bref on s’enfuit au plus vite pour aller se percher au bout de la vallée, tout là-haut dans les nuages… Bienvenue à Cocora ! Après une montée folklorique avec un bel orage au milieu, des jeeps (euh… pourquoi vous avez des gros 4×4 comme ça, on n’a jamais vu un asphalte aussi neuf ?! Ah oui… Pour amuser la faune touristique qui doit trouver ça très typique !) et des pourcentages dignes du col du granier (notre référence !) nous arrivons enfin au bout de la route ! La pluie a fait fuir les touristes, nous sommes seuls ! Nous trouvons un coin pour camper magnifique, avec une vue imprenable sur la vallée et les palmiers… Nous sommes bien ! 😊
Le lendemain, nous partons après une petite averse matinale sans conséquence pour une randonnée dans les montagnes environnantes… A l’aller, nous prenons un chemin un peu isolé et nous sommes absolument seuls… Nous sommes entre 2500 et 3000 mètres, mais la jungle est digne de Tayrona. L’air est frais, la brume nous entoure, les pentes sont raides… L’ambiance est incroyable et nous profitons pleinement de cette nature sauvage ! Euh, jusqu’à ce qu’on retombe sur le chemin principal… euh pardon je ne devrais pas appeler ça un chemin, je dirais plutôt un champ de boue et de crottin de cheval ! Et oui ici le truc c’est d’amener les touristes faire 5km de cheval dans la montagne, avec un petit bar au bout où tu peux boire un café avec un morceau de formage (oui oui du fromage ! Une sorte de feta pas mauvaise du tout d’ailleurs !). Nous sommes légèrement énervés, d’une part par le prix (tout simplement 10 fois plus cher que le prix normal pour un café) et par les touristes. La fin de la randonnée sera ainsi moins fascinante et nous revenons à notre tente pour profiter de la fin d’après -midi au calme avec notre vue imprenable !
Petite réflexion sur les sites touristiques…
Vous l’avez compris, nous sommes pour le moins très partagés sur les deux jours passés ici. D’une part le cadre est effectivement exceptionnel et unique au monde. Littéralement unique car ces palmiers de plus de 60 mètres se trouvent uniquement dans cette région ! Et de ce point de vue, nous sommes ravis et même époustouflés par les paysages et les montagnes. Et nous comprenons parfaitement que cela attire autant de gens. Et il faut avouer que mes voyages jusqu’à-là n’était pas si différents. Alors oui, j’ai utilisé des mots assez durs contre les touristes « normaux » et je sais bien qu’on n’est pas si différents. On est là pour « voir » cet endroit si spécial, ce site « à faire absolument » … Et pourquoi nous pourrions venir et pas eux ? Mais pour nous, ça fait bizarre. Cela fait plus de 3 semaines que nous voyageons sans avoir vu ce « type » de tourisme. Ce tourisme « consumérisme extrême » où il faut checker tous les points du guide en 3 semaines. Prendre LA photo pour rendre tout le monde jaloux sur facebook, profiter des bières à moins de 1€ et puis en rentrant « ah oui la Colombie c’était génial, les gens sont troooop gentils ». Oui sauf que justement ici, les Colombiens qu’on rencontre sont loin d’être les gens normaux de Colombie. Ici ils sont là pour prendre notre fric et puis c’est tout. Je connais j’ai fait la même chose. Aujourd’hui, après seulement 3 semaines de voyage à vélo, j’en vois déjà tous ses avantages dont le plus gros est sans aucun doute les rencontres authentiques avec les habitants et nous avons eu une sorte d’allergie en retrouvant les touristes « normaux ». Voilà chacun voyage comme il le veut selon le temps qu’il a, et finalement, on ne va pas non plus se plaindre, si tout le monde faisait comme nous, on n’aurait jamais passé la nuit tout seuls au fond de cette vallée, ou marcher 3 heures dans la jungle sans rien voir d’autres que des oiseaux et des araignées. Certains sites sont surpeuplés à cause leur réputation et souvent on sera plus émerveillés par les endroits qui ne figurent pas dans les guides, car justement, ils ne sont pas dans les guides !
Voilà j’arrête de vous embêter avec mes divagations philosophiques, et si jamais vous passez en Colombie, alors effectivement, le Lonely Planet ne ment pas, Cocora c’est vraiment un « must see » !
3 Comments
Très juste réflexion.
Bonne continuation à tous les deux.
Trop belles ces photos du coucher de soleil! (Oui j’ai accumulé du retard sur vos articles…)
J’espère que tout va bien. Grosses bises à vous deux!
[…] 2 jours à Cocora : Articles: De Bogota à Cocora : d’une Colombie à l’autre […]